CHINE/TAIWAN/USA : quelles perspectives ?

10 août 2022 | AUTEUR/MISE EN COHERENCE: | A LA UNE, ACTUALITES / MONDE, POUR LA PAIX, RECOMMANDE | Aucun commentaire   //   vue(s) 2332 fois

 

« Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Alors même si des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, la Chine a jugé que la visite le 4 août dernier de Nancy Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure. »

 

Chinese ambassador says Taiwan independence will lead to US-China conflict | Taiwan News | 2022-01-30 17:15:00

 

————————–

 

What′s the Taiwan-China conflict all about? | Asia | An in-depth look at news from across the continent | DW | 26.07.2022

 

1 – Tensions à Taïwan : Taipei se prépare à une invasion, alors que Joe Biden n’est « pas inquiet »

 

Taïwan a mené, mardi 9 août 2022, un exercice d’artillerie à balles réelles simulant sa défense contre une invasion chinoise. La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Alors même si des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, la Chine a jugé que la visite le 4 août dernier de Nancy Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure.

Tous les soirs, 20 Minutes revient sur les tensions autour de Taïwan alors que l’armée chinoise mène les plus grands exercices militaires de son histoire dans cette zone, envoyant avions de chasse, navires de guerre, drones et tirant des missiles balistiques.

Vous avez raté les derniers événements concernant le regain de tension autour de Taïwan ? Pas de panique, 20 Minutes fait le point chaque jour, depuis la visite de Nancy Pelosi, numéro trois américaine et présidente de la Chambre des représentants, qui a largement refroidi les rapports entre la Chine et les Etats-Unis. Qui a fait quoi ? Qui a dit quoi ? Où en sommes-nous ? La réponse ci-dessous :

 

. Le fait du jour

L’armée de Taïwan a mené ce mardi un exercice d’artillerie à balles réelles simulant la défense de l’île contre une invasion chinoise que Taipei accuse Pékin de préparer. Pékin « a utilisé les exercices et sa feuille de route militaire pour préparer l’invasion de Taïwan », a effectivement assuré le chef de la diplomatie de Taïwan, Joseph Wu, lors d’une conférence de presse.

Mardi, plusieurs centaines de soldats ont été déployés, ainsi qu’une quarantaine d’obusiers, a indiqué l’armée. Un journaliste de l’AFP présent sur place a constaté le début des opérations dans le comté de Pingtung (sud) peu après 2h40, avec des tirs de fusées éclairantes et d’artillerie. Les manœuvres se sont terminées vers 3h30, a indiqué Lou Woei-jye, porte-parole du huitième corps d’armée de Taïwan. Un nouvel exercice est prévu jeudi.

. Le chiffre du jour

  1. L’armée taïwanaise a affirmé avoir détecté 45 avions et dix navires chinois opérant dans le détroit de Taïwan mardi. Toujours selon Taipei, 16 avions auraient franchi la ligne médiane. Aucun avion de guerre ou navire chinois n’a pénétré dans les eaux territoriales de Taïwan – à moins de 12 milles nautiques de la terre – pendant les exercices opérés mardi par Pékin.

. La phrase du jour

Toute tentative de s’opposer, par la force armée, au courant de l’histoire et à la réunification fera inévitablement face à la ferme opposition de l’ensemble du peuple chinois. Ce serait surestimer vos capacités, faire preuve de témérité et voué à l’échec. »

Tels sont les mots du porte-parole chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, qui lors d’un point presse ce mardi a réagi aux manœuvres taïwanaises.

. La tendance du jour

Lors d’une conférence de presse à Taipei après les manœuvres taïwanaises, Joseph Wu n’a pas manqué de remercier ses alliés occidentaux, au premier rang desquels Nancy Pelosi, pour avoir tenu tête à la Chine. Le chef de la diplomatie de Taïwan a également expliqué redouter une surenchère de la part de Pékin, fermement opposée à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale.

. Notre dossier sur Taïwan​

« La provocation et l’agression de la Chine ont porté atteinte au statut quo du détroit de Taïwan et fait monter les tensions dans la région », a de son côté réaffirmé le ministère des Affaires étrangères de Taïwan dans un communiqué. Reste que Washington a estimé que le risque d’escalade de la part de Pékin était faible. « Je ne suis pas inquiet, mais je suis préoccupé par le fait qu’ils s’agitent autant. Mais je ne crois pas qu’ils fassent davantage que ce qu’ils sont en train de faire », a déclaré le président américain Joe Biden.

RECAP’ Ce mardi 9 août, « 20 Minutes » fait le point du jour sur la crise ravivée par la venue de l’américaine Nancy Pelosi à Taïwan

www.20minutes.fr/monde/ M.P. avec AFP/ Publié le 09/08/22/

https://www.20minutes.fr/monde/3335631-20220809-tensions-taiwan-taipei-prepare-invasion-alors-joe-biden-inquiet

 

Nancy Pelosi's Taiwan visit sparked international tension, but isn't likely to shake up her popularity with Chinese American voters at home in San Francisco

 

————————–

 

Taiwan 'Should Destroy TSMC' If China Invades: US Strategists

 

2 – Si Pékin envahit Taïwan, l’économie chinoise sera bloquée, avertit le Pdg de TSMC, leader mondial des semi-conducteurs

 

Fin du suspense, Nancy Pelosi a atterri à Taïwan. Comme un joueur de poker, Biden abat son jeu et met la Chine au défi de mettre à exécution ses menaces qu’elle brandit depuis les rumeurs d’une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis. Le risque d’une invasion de l’île par Pékin est donc à son comble. Mais hier, sur CNN, Mark Liu, patron du géant TSMC, a clairement mis en garde Pékin qu’un passage à l’acte conduirait à rendre “inopérantes” toutes ses installations industrielles.

Les semi-conducteurs sont-ils le véritable talon d’Achille de la Chine ? Pour faire tourner son gigantesque appareil productif, l’« usine du monde » ne produit sur son sol qu’un sixième des composants électroniques dont elle a besoin et se trouve extrêmement dépendante pour son approvisionnement du géant taïwanais TSMC, leader mondial des semi-conducteurs.

Pour rappeler l’ordre de grandeur, les Etats-Unis et l’Europe fournissent chacun seulement 10% de la production mondiale, et les 80% restants sont fabriqués en Asie, par des entreprises comme Samsung, en Corée du Sud, ou Smic, en Chine. Mais, aussi grandes soient-elles, toutes restent dans l’ombre du géant taïwanais des semi-conducteurs, qui fournit à lui seul 52% de la production mondiale (qui équipe tant les smartphones, les automobiles que des missiles), et même 61% si l’on considère les puces en 16 nanomètres, les plus avancées au monde…

Selon certains analystes, s’emparer de ce bijou industriel serait une raison de plus pour Pékin de déclencher l’invasion de ce territoire qu’elle considère comme sien depuis les années 1950. Le média en ligne britannique The Register citait le 7 juin dernier un économiste chinois qui considérait comme nécessaire la saisie de Taiwan Semiconductor Manufacturing Company pour assurer l’indépendance industrielle de la Chine. Or, Taïwan est la protégée des Etats-Unis qui détiennent donc un très important levier pour bloquer l’appareil industriel de la Chine si la guerre commerciale déclenchée par Trump et poursuivie par Biden s’envenimait véritablement.

 

TSMC Rumoured to Build New Fab in Southern Taiwan | TechPowerUp

 

“Personne ne peut contrôler TSMC par la force”, affirme son Pdg

Ce mardi soir, après plusieurs jours de rumeurs, c’est la fin du suspense, Nancy Pelosi a atterri à Taïwan. Comme un coup de poker, Biden abat son jeu et met la Chine au défi de mettre à exécution ses menaces qu’elle brandit depuis qu’ont débuté il y a quelques jours les rumeurs d’une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis et numéro trois de l’administration Biden. L’hypothèse a déclenché une vague de réactions des autorités chinoises très vindicatives contre les États-Unis et menaçantes contre Taïwan, Pékin affirmant qu’un arrêt, même bref, de la présidente de la Chambre des représentants sur l’île serait considéré comme une provocation par la Chine. Avec l’arrivée effective de Nancy Pelosi à Taïwan, le risque que la Chine mette ses menaces à exécution, notamment en envahissant l’île, est donc à son comble.

C’est dans ce contexte d’extrêmes tensions qui seront encore exacerbées par l’arrivée de Nancy Pelosi sur l’île, que le Pdg de l’entreprise taïwanaise TSMC, fournisseur des plus grands entreprises tech du monde (Apple, Qualcomm…) a pris la parole. Dans l’interview en deux parties accordée à CNN et diffusée lundi 1er août sur la chaîne TV américaine, le Pdg du leader mondial des semi-conducteurs Mark Liu, dont la parole est réputée rare, a prévenu qu’une invasion de Taïwan par la Chine rendrait ses installations industrielles de TSMC “inopérantes”.

“Personne ne peut contrôler TSMC par la force”, a déclaré le patron du géant taïwanais, Mark Liu, dans une interview sur CNN, diffusée lundi. “En cas d’usage de la force militaire ou d’invasion”, les installations de TSMC deviendront “inopérantes”, a-t-il ajouté.

 

Taiwan Semiconductor's 2022 Spending Plans Are Mind-Boggling | The Motley Fool

 

TSMC, arme de dissuasion massive, mais insaisissable par essence

L’intérêt géostratégique de TSMC avait été particulièrement étudié par deux professeurs de l’Ecole de guerre américaine (US Army War College) qui, en novembre 2021, ont imaginé la parade pour convaincre la Chine de renoncer à envahir Taïwan: tout simplement détruire l’entreprise de semi-conducteurs (*).

La déclaration de Mark Liu relève aussi du principe que Taïwan détient une arme de dissuasion massive, mais il joue finement sur l’argument de l’inutilité de la démarche. Son raisonnement vise à démontrer que s’emparer de TSMC revient à mettre la main sur une coquille vide car l’entreprise ne fonctionne que parce qu’elle est interconnectée au monde entier – pour à peu près tout: depuis les matières premières jusqu’aux logiciels en passant par l’instrumentation. TSMC n’est donc pas une entreprise autonome, qui fonctionne en vase clos: vouloir la posséder est une chimère.

“Ces installations sont tellement sophistiquées. Elles dépendent d’une connexion en temps réel avec le monde extérieur, avec l’Europe, le Japon, les États-Unis”, a expliqué le dirigeant.

Et d’ajouter :

“Des matériaux aux produits chimiques et aux pièces détachées, en passant par les logiciels”, ce sont les “efforts de tous” qui permettent aux opérations de fonctionner.

De fait, l’entreprise taïwanaise mène de nombreux programmes en partenariat avec des industriels étrangers, comme avec le sud-coréen Samsung pour résorber à marche forcée la pénurie mondiale.

Mark Liu a également prédit à la Chine un sombre avenir si elle perdait son approvisionnement en composants les plus avancés, avec de grands bouleversements économiques à la clé. Et qu’il faudra que Pékin y réfléchisse à deux fois avant de s’engager dans la voie d’une invasion.

La Chine menace : « Les Etats-Unis (…) devront payer le prix »

Ce mardi août, la Chine a adressé aux  Etats-Unis une nouvelle salve de menaces, les prévenant qu’ils porteront la “responsabilité” d’une visite à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi lors de sa tournée asiatique et qu’ils devront en “payer le prix”.

« Les Etats-Unis auront assurément la responsabilité (des conséquences) et devront payer le prix de leur atteinte à la souveraineté et à la sécurité de la Chine », a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

Tension à son comble dans le détroit

Si jamais la Chine décidait malgré tout d’envahir Taïwan, les deux professeurs de l’Ecole de guerre américaine, déjà mentionnés, soulignent un obstacle de taille: le temps de réaction des Etats-Unis voire du Japon. Ils citent un analyste chinois ayant des relations dans la marine de l’armée chinoise, l’APL, pour qui l’objectif de l’APL d’une invasion réussie est de 14 heures, à comparer avec un temps de réaction des États-Unis et du Japon à 24 heures pour réagir…

Message reçu par l’armée américaine qui mène actuellement des manoeuvres militaires à proximité de l’éventuel théâtre d’opérations.

La Chine n’est pas en reste qui a organisé dimanche un exercice militaire “à munitions réelles” dans le détroit de Taïwan – très près cependant des côtes chinoises. D’autres exercices sont en cours dans d’autres zones maritimes du pays.

Et la semaine dernière, l’armée taïwanaise a effectué ses plus importants exercices militaires annuels.

Dernière intimidation par médias chinois interposés, rapportée par l’AFP, juste avant l’arrivée de Nancy Pelosi sur l’île : alors que l’avion militaire américain la transportant s’approchait de Taipei ce mardi soir, la télévision publique chinoise CGTN a annoncé que des avions de chasse chinois Su-35 étaient en train de “traverser le détroit de Taïwan”. Sans autre précision…

___

(*) Jared M. McKinney & Peter Harris, “Broken Nest: Deterring China from Invading Taiwan,” (“Détruire le nid: comment dissuader la Chine d’envahir Taïwan”) in la revue Parameters 51, no. 4 (2021): 23-36, doi:10.55540/0031-1723.3089.

www.latribune.fr/economie/international/ Jérôme Cristiani/ 02 Août 2022/

https://www.latribune.fr/economie/international/si-la-chine-envahit-taiwan-son-economie-sera-bloquee-avertit-le-pdg-de-tsmc-leader-mondial-des-semi-conducteurs-927517.html

 

TSMC, Apple's Chipmaker, has warned China's invasion of Taiwan would cause everyone to lose

 

Be the first to comment on "CHINE/TAIWAN/USA : quelles perspectives ?"

Leave a comment

Your email address will not be published.