Paludisme : diagnostic, traitement, prévention, vaccins

7 juin 2020 | AUTEUR/MISE EN COHERENCE: | AFRIQUE/SOCIAL / SANTÉ, MONDE/SOCIAL / SANTÉ, RECOMMANDE, SANTE & TECHNOLOGIES MEDICALES | Aucun commentaire   //   vue(s) 1987 fois

 

_ Poids du paludisme au niveau mondial et régional : évolution du nombre de cas et de décès

. Cas de paludisme

Au niveau mondial, le nombre de cas de paludisme est estimé à 228 millions en 2018 (intervalle de confiance [IC] de 95 %: 206-258 millions), contre 251 millions en 2010 (IC de 95 %: 231-278 millions) et 231 millions en 2017 (IC de 95 %: 211-259 millions). La plupart des cas (213 millions ou 93 %) ont été enregistrés en 2018 dans la région Afrique de l’OMS, loin devant la région Asie du Sud-Est (3,4 %) et la région Méditerranée orientale (2,1 %).

 

World Malaria Day 2018. Les infirmières de Mont-Ngafula, en R.D. ...

 

Dix-neuf pays d’Afrique subsaharienne et l’Inde ont concentré quasiment 85 % du nombre total de cas de paludisme dans le monde. Six pays, à eux seuls, ont enregistré plus de la moitié des cas: le Nigéria (25 %), la République démocratique du Congo (12 %), l’Ouganda (5 %), ainsi que la Côte d’Ivoire, le Mozambique et le Niger (4 % chacun).

 

Au niveau mondial, l’incidence du paludisme a reculé entre 2010 et 2018, passant de 71 cas pour 1 000 habitants exposés au risque de paludisme à 57 pour 1 000. Néanmoins, cette baisse a considérablement ralenti entre 2014 et 2018, l’incidence ayant diminué à 57 pour 1 000 en 2014 pour rester à un niveau similaire jusqu’en 2018.

 

30 Meilleures Paludisme Photos et images - Getty Images

 

Dans la région Asie du Sud-Est de l’OMS, l’incidence du paludisme continue à baisser, de 17 cas pour 1 000 habitants exposés au risque de paludisme en 2010 à 5 pour 1 000 en 2018 (soit une baisse de 70 %). De même, l’incidence du paludisme a diminué dans la région Afrique de l’OMS, avec 294 cas pour 1 000 en 2010 contre 229 en 2018 (-22 %). Toutes les autres régions de l’OMS ont enregistré des progrès très modestes, voire une hausse de l’incidence. Dans la région Amériques de l’OMS, l’incidence du paludisme a augmenté, principalement à cause d’une transmission accrue au Venezuela (République bolivarienne du).

Seuls 31 pays dans lesquels le paludisme est encore endémique ont réduit l’incidence du paludisme de manière significative entre 2015 et 2018 et étaient donc en passe d’atteindre une baisse de l’incidence égale à au moins 40 % d’ici 2020. À moins d’un changement rapide, les objectifs de morbidité définis pour 2025 et 2030 dans la Stratégie technique de lutte contre le paludisme 2016-2030 (GTS) ne seront pas atteints.

  1. falciparumest le parasite du paludisme le plus prévalent dans la région Afrique de l’OMS; il est en effet à l’origine de 99,7 % des cas de paludisme estimés en 2018, tout comme dans les régions Asie du Sud-Est (50 %), Méditerranée orientale (71 %) et Pacifique occidental (65 %).

Au niveau mondial, 53 % des cas de paludisme à P. vivax sont enregistrés dans la région Asie du Sud-Est de l’OMS, avec une majorité des cas en Inde (47 %). P. vivax prédomine dans la région Amériques de l’OMS, représentant 75 % des cas de paludisme.

 

Le paludisme, un fléau qui tue chaque année plus de 450 000 ...

 

_ Mortalité associée

Au niveau mondial, le nombre de décès dus au paludisme a été estimé à 405 000 en 2018, contre 416 000 en 2017 et 585 000 en 2010.

Les enfants de moins de 5 ans sont les plus vulnérables face au paludisme. En 2018, ils ont représenté 67 % (272 000) des décès associés au paludisme dans le monde.

À elle seule, la région Afrique de l’OMS a enregistré 94 % des décès liés au paludisme dans le monde en 2018. Pourtant, elle a aussi représenté 85 % des 180 000 décès en moins dus à la maladie par rapport à 2010.

Près de 85 % des décès dus au paludisme dans le monde en 2018 ont été concentrés dans 20 pays de la région Afrique de l’OMS et en Inde. Le Nigéria a représenté à lui seul près de 24 % de ces décès, suivi par la République démocratique du Congo (11 %), la République-Unie de Tanzanie (5 %), ainsi que l’Angola, le Mozambique et le Niger (4 % chacun).

Par rapport à 2010, la mortalité liée au paludisme n’a diminué en 2018 que dans les régions Afrique et Asie du Sud-Est de l’OMS. La baisse la plus prononcée du nombre de décès dus au paludisme, en valeur absolue, a été observée dans la région Afrique de l’OMS, qui est passée de 533 000 décès en 2010 à 380 000 en 2018. Malgré ces progrès, la baisse de la mortalité liée au paludisme a ralenti depuis 2016.

 

HEALTHY BAIRNS: Parlons Santé Maternelle et Infantile en Afrique ...

 

_ Conséquences du paludisme sur la santé maternelle et infantile

En 2018, près de 11 millions de femmes enceintes vivant dans des zones de transmission modérée à élevée en Afrique subsaharienne auraient été exposées à une infection palustre.

Cette même année, la prévalence de l’exposition à l’infection palustre durant la grossesse a été plus forte dans les sous-régions Afrique de l’Ouest et Afrique centrale (chacune avec 35 %), suivies par la sous-région Afrique de l’Est et Afrique australe (20 %). Près de 39 % de cette prévalence a été concentrée en République démocratique du Congo et au Nigéria.

Les 11 millions de femmes enceintes exposées à une infection palustre en 2018 ont donné naissance à quelque 872 000 enfants présentant un faible poids à la naissance (soit 16 % de tous les enfants avec un faible poids à la naissance dans ces pays). L’Afrique de l’Ouest a enregistré la plus forte prévalence d’insuffisance pondérale (liée au paludisme pendant la grossesse) chez le nouveau-né.

Entre 2015 et 2018, dans 21 pays de la région Afrique de l’OMS où la transmission du paludisme est modérée à élevée, la prévalence de l’anémie chez les enfants de moins de 5 ans avec un résultat positif à un test de diagnostic rapide (TDR) était deux fois plus élevée que chez les enfants avec un résultat de TDR négatif. Parmi les enfants avec un résultat de test positif, 9 % souffraient d’anémie grave et 54 % d’anémie modérée. À titre de comparaison, 1 % seulement des enfants non infectés par le paludisme souffraient d’anémie grave et 31 % d’anémie modérée.

Les pays où l’anémie grave chez les enfants de moins de 5 ans présentant un résultat positif à un test de dépistage du paludisme était la plus prévalente étaient les suivants : le Sénégal (26 %), le Mali (16 %), la Guinée (14 %) et le Mozambique (12 %). Dans la plupart des autres pays, l’anémie grave atteignait entre 5 % et 10 %.

Selon les estimations, près de 24 millions d’enfants d’Afrique subsaharienne ont souffert d’infections palustres à P. falciparum en 2018, avec un risque d’anémie grave pour 1,8 million d’entre eux.

 

Paludisme: 84% des ménages possèdent une moustiquaire

 

Approche « high burden to high impact » (d’une charge élevée à un fort impact)

Les 11 pays où le paludisme sévit le plus (pays de l’approche HBHI) ont enregistré près de 155 millions de cas en 2018, contre 177 millions en 2010. La République démocratique du Congo et le Nigéria ont cumulé 84 millions de ces cas (54 %).

Parmi les 10 pays africains de l’approche HBHI, le Ghana et le Nigéria ont rapporté les plus fortes augmentations, en valeur absolue, du nombre de cas en 2018 par rapport à 2017. En 2018, le poids du paludisme dans les autres pays est resté à un niveau similaire à celui de 2017, à l’exception de l’Ouganda et de l’Inde, qui ont rapporté respectivement 1,5 million et 2,6 millions de cas en moins.

Les décès dus au paludisme ont diminué, passant de près de 400 000 en 2010 à environ 260 000 en 2018. La plus forte baisse a été enregistrée au Nigéria, avec 153 000 décès en 2010 et 95 000 décès en 2018.

En 2018, dans les 11 pays de l’approche HBHI, au moins 40 % de la population à risque avait dormi sous moustiquaire imprégnée d’insecticide longue durée (MILD). Le pourcentage le plus élevé a été enregistré en Ouganda (80 %), et le plus faible au Nigéria (40 %).

Selon les estimations, c’est uniquement au Burkina Faso et en République-Unie de Tanzanie que plus de 50 % des femmes enceintes ont reçu trois doses de traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIp3) en 2018. Au Cameroun, au Nigéria et en Ouganda, le taux de couverture a atteint environ 30 %, voire moins.

Six pays de la sous-région sahélienne ont mis en œuvre la chimioprévention du paludisme saisonnier (CPS) en 2018. En moyenne, 17 millions d’enfants sur les 26 millions ciblés ont été traités par cycle de CPS.

Le pourcentage des enfants de moins de 5 ans ayant de la fièvre et sollicitant des soins a varié entre 58 % au Mali et 82 % en Ouganda. En République démocratique du Congo et au Mali, plus de 40 % des enfants n’ont sollicité aucun soin. Tout aussi préoccupant, le taux de dépistage du paludisme a été très faible chez les enfants sollicitant des soins, avec 30 % ou moins d’enfants testés au Cameroun, en République démocratique du Congo et au Nigéria.

Dans tous les pays de l’approche HBHI à l’exception de l’Inde, les investissements nationaux directs restent très peu élevés par rapport au financement international.

 

Lutte contre le Paludisme :En Afrique, plus de 200 millions de cas ...

 

Élimination du paludisme et prévention de sa réapparition

Au niveau mondial, l’élimination du paludisme progresse. En effet, de plus en plus de pays tendent vers un nombre de cas de paludisme indigène égal à zéro. En 2018, 49 pays ont rapporté moins de 10 000 cas de paludisme indigène, alors qu’ils n’étaient que 46 en 2017 et 40 en 2010. Le nombre de pays comptant moins de 100 cas de paludisme indigène, un bon indicateur que l’élimination de la maladie est proche, est passé de 17 en 2010 à 25 en 2017, puis à 27 en 2018.

Le Paraguay et l’Ouzbékistan ont été certifiés exempts de paludisme par l’OMS en 2018, alors que l’Algérie et l’Argentine ont obtenu cette certification début 2019. En 2018, la Chine, El Salvador, l’Iran, la Malaisie et le Timor-Leste ont rapporté zéro cas de paludisme indigène.

Éliminer le paludisme dans au moins 10 pays où il était encore endémique en 2010 est l’un des principaux objectifs intermédiaires du GTS pour 2020. Compte tenu du rythme de progression actuel, il est probable que cet objectif sera atteint.

En 2016, l’OMS a identifié 21 pays ayant le potentiel pour éliminer le paludisme d’ici 2020. L’OMS travaille avec les gouvernements de ces pays appelés « E-2020 » pour les aider à atteindre leurs objectifs d’élimination.

Même si 10 de ces pays restent en bonne voie pour atteindre leurs objectifs, les Comores et le Costa Rica ont rapporté une augmentation des cas de paludisme indigène en 2018 par rapport à 2017.

En revanche, dans les six pays de la sous-région du Grand Mékong (Cambodge, Chine [province du Yunnan], République démocratique populaire lao, Myanmar, Thaïlande et Viet Nam), le nombre de cas de paludisme rapportés a diminué de 76 % entre 2010 et 2018, alors que le nombre de décès dus au paludisme a chuté de 95 % sur la même période. En 2018, le Cambodge n’a rapporté aucun décès dû au paludisme pour la première fois de son histoire.

 

Eritrea Bags 2016 African Leaders Malaria Alliance Award

 

Investissements dans les programmes et la recherche antipaludiques

En 2018, US$ 2,7 milliards ont été investis au total par les gouvernements des pays d’endémie et les partenaires internationaux pour le contrôle et l’élimination du paludisme, soit une baisse par rapport aux US$ 3,2 milliards investis en 2017. Les investissements de 2018 sont bien inférieurs aux US$ 5 milliards estimés nécessaires à l’échelle mondiale pour rester sur la voie des objectifs du GTS.

Près des trois quarts des investissements réalisés en 2018 ont été dirigés vers la région Afrique de l’OMS, suivie par les régions Amériques (7 %), Asie du Sud-Est (6 %), Méditerranée orientale et Pacifique occidental (5 % chacune).

En 2018, 47 % du financement total a été investi dans des pays à faible revenu, 43 % dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure et 11 % dans des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Les fonds internationaux ont représenté la principale source de financement dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (respectivement 85 % et 61 %). Les financements nationaux stagnent depuis 2010.

Sur les US$ 2,7 milliards investis en 2018, US$ 1,8 milliard provenaient de bailleurs de fonds internationaux. En 2018, les gouvernements des pays d’endémie ont contribué à hauteur de 30 % du financement total (US$ 900 millions), un chiffre inchangé par rapport à 2017. Deux tiers des financements nationaux ont été investis dans des activités de contrôle menées par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme (PNLP), le tiers restant étant estimé correspondre aux coûts des soins dispensés aux patients.

Comme les années précédentes, les États-Unis ont été le premier bailleur de fonds international pour les programmes de lutte contre le paludisme, avec US$ 1 milliard en 2018 (37 % du total). Les pays membres du Comité d’aide au développement ont investi au total US$ 300 millions (11 %). Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a contribué à hauteur d’environ US$ 200 millions (7 %).

Sur les US$ 2,7 milliards investis en 2018, US$ 1 milliard ont transité par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Même si le financement de la lutte contre le paludisme est relativement stable depuis 2010, les investissements consentis en 2018 sont loin d’atteindre le niveau requis pour réaliser les deux premiers objectifs intermédiaires du GTS, à savoir réduire d’au moins 40 % l’incidence du paludisme et la mortalité associée au plan mondial par rapport à 2015.

Au total, US$ 663 millions ont été investis en 2018 dans la recherche fondamentale et le développement de produits contre le paludisme, soit une hausse de US$ 18 millions par rapport à 2017.

Les fonds dédiés à la recherche et au développement (R&D) de médicaments ont atteint un niveau record, passant de US$ 228 millions en 2017 à US$ 252 millions en 2018. Cette augmentation est due aux investissements du secteur industriel privé dans plusieurs essais de phase II sur de nouveaux composants chimiques offrant le potentiel d’une guérison radicale en une prise unique.

 

Voyage à l'étranger : pensez à vous protéger contre le paludisme ...

 

_ Livraison de produits antipaludiques

Moustiquaires imprégnées d’insecticide

Les fabricants de moustiquaires imprégnées d’insecticide (MII) ont indiqué en avoir livré 578 millions dans le monde entre 2016 et 2018, principalement des MILD, dont 50 % en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, au Ghana, en Inde, au Nigéria, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie.

En 2018, ces fabricants ont livré environ 197 millions de MII, dont plus de 87 % en Afrique subsaharienne.

Au niveau mondial, 80 % des MII ont été distribuées gratuitement par le biais de campagnes de distribution de masse, 10 % via des établissements de soins prénataux et 6 % dans le cadre de programmes de vaccination.

Tests de diagnostic rapide

En 2018, 412 millions de TDR ont été vendus dans le monde.

En 2018, 259 millions de TDR ont été distribués par les PNLP. La plupart de ces TDR (64 %) étaient des tests livrés en Afrique subsaharienne et pouvant uniquement détecter le parasite P. falciparum.

Combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine

Entre 2010 et 2018, les pays ont acheté 3 milliards de traitements par combinaison thérapeutique à base d’artémisinine (ACT). Au total, 63 % de ces achats auraient été effectués pour le secteur public de la santé.

En 2018, 214 millions de traitements par ACT ont été distribués par les PNLP, dont 98 % dans la région Afrique de l’OMS.

 

Malaria cases surge in Zimbabwe during coronavirus fight

 

Prévention du paludisme

Lutte antivectorielle

En Afrique subsaharienne, la moitié de la population à risque dort sous MII : en 2018, 50 % de la population a donc été protégée par cette intervention, contre 29 % en 2010. Par ailleurs, la part de la population ayant accès à une MII est passée de 33 % en 2010 à 57 % en 2018. Le taux de couverture n’a cependant que très peu augmenté depuis 2015 et il s’est même stabilisé depuis 2016.

Le pourcentage des ménages disposant d’au moins une MII pour deux membres du foyer est passé de 47 % en 2010 à 72 % en 2018. Ce pourcentage ne représente néanmoins qu’une augmentation très modeste au cours des trois dernières années et reste bien loin de l’objectif de couverture universelle.

La part de la population à risque protégée par pulvérisation intradomiciliaire d’insecticides à effet rémanent (PID), une mesure préventive qui consiste à pulvériser d’insecticides les murs intérieurs des habitations, a diminué. Au niveau mondial, le taux de couverture de cette intervention a diminué, passant d’un pic de 5 % en 2010 à 2 % en 2018, avec des tendances à la baisse dans toutes les régions de l’OMS, hormis la région Méditerranée orientale où cette mesure préventive a augmenté entre 2016 et 2018.

Même si la population à risque couverte par cette intervention a chuté de 180 millions en 2010 à 93 millions en 2018, elle reste pour 2018 inférieure de 13 millions au niveau de 2017.

Ce recul de la couverture en PID est sans doute lié au passage des pyréthoïdes à des insecticides plus onéreux en réponse à la résistance aux pyréthoïdes ou à des changements de stratégies opérationnelles (baisse de la population à risque dans les pays en voie d’élimination du paludisme).

 

Comparatif des Meilleurs Traitements Contre le Paludisme

 

Traitements préventifs

En Afrique, pour protéger les femmes vivant dans des zones de transmission modérée à élevée, l’OMS recommande le traitement préventif intermittent pendant la grossesse (TPIp) par sulfadoxine-pyriméthamine (SP). Sur 36 pays africains ayant communiqué des données de couverture en TPIp en 2018, 31 % des femmes enceintes éligibles ont reçu au moins trois doses de TPIp (comme recommandé par l’OMS), contre 22 % en 2017 et 2 % en 2010, ce qui traduit des progrès considérables en termes de mise en œuvre au niveau national.

Toutefois, environ 18 % des femmes s’étant présentées au moins une fois dans un établissement de soins prénataux n’ont reçu aucune dose de TPIp. Si elles avaient été exploitées, ces opportunités de traitement auraient permis d’améliorer considérablement et rapidement la couverture en TPIp.

En 2018, 31 millions d’enfants vivant dans 12 pays d’Afrique sahélienne ont été protégés par des programmes de CPS. Tous les enfants ciblés ont reçu un traitement au Cameroun, en Guinée, en Guinée-Bissau et au Mali. Cependant, quelque 12 millions d’enfants qui auraient pu bénéficier de cette intervention n’ont pas été couverts, principalement à cause d’un manque de financements.

 

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Diagnostic et traitement

Accès aux soins

Un diagnostic précoce et un traitement rapide sont les moyens les plus efficaces de prévenir l’aggravation des cas de paludisme et les décès associés. D’après les enquêtes nationales réalisées dans 20 pays d’Afrique subsaharienne entre 2015 et 2018, une médiane de 42 % (écart interquartile [ÉI]: 34 %-49 %) des enfants ayant eu de la fièvre ont sollicité des soins auprès d’un prestataire formé dans un établissement public, contre une médiane de 10 % (ÉI: 8 %-22 %) dans un établissement privé formel et de 3 % (ÉI : 2 %-7 %) dans le secteur privé informel.

Une part importante des enfants n’ont pas reçu de soins médicaux (médiane de 36 %, ÉI: 28 %-45 %), ce qui s’explique en partie par un accès limité aux prestataires de santé ou un manque de connaissances de la part du personnel soignant.

 

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Diagnostic

Le pourcentage de patients suspectés de paludisme et soumis à un test de diagnostic par TDR ou microscopie dans un établissement public est passé de 36 % en 2010 à 84 % en 2018.

Dans 71 % des pays d’Afrique subsaharienne où la transmission est modérée à élevée, le pourcentage des cas suspectés de paludisme ayant été soumis à un test parasitologique a dépassé 80 % en 2018.

Sur les 19 enquêtes nationales réalisées auprès des ménages en Afrique subsaharienne entre 2015 et 2018, le pourcentage médian d’enfants fiévreux ayant subi un prélèvement sanguin au doigt ou au talon (laissant penser qu’un test de dépistage du paludisme a été réalisé) a été plus élevé dans le secteur public (médiane de 66 %, ÉI: 49 %-75 %) que dans les établissements privés formels (médiane de 40 %, ÉI: 16 %-46 %) ou dans le secteur privé informel (médiane de 9 %, ÉI: 5 %-22 %).

Sur 61 enquêtes menées dans 29 pays d’Afrique subsaharienne entre 2010 et 2018, le pourcentage des enfants fiévreux soumis à un test de diagnostic préalablement à tout traitement antipaludique dans un établissement public a augmenté, passant d’une médiane de 48 % (ÉI: 30 %-62 %) sur la période 2010-2013 à une médiane de 76 % (ÉI: 60 %-86 %) sur la période 2015-2018.

 

Crise de paludisme : quel traitement ? | Santé Magazine

 

Traitement

Sur 20 enquêtes nationales réalisées auprès des ménages en Afrique subsaharienne entre 2015 et 2018, le pourcentage médian des enfants fiévreux et ayant reçu un médicament antipaludique a été plus important dans le secteur public (médiane de 48 %, ÉI: 30 %-69 %) que dans le secteur privé formel (médiane de 40 %, ÉI: 21 %-51 %) ou le secteur privé informel (médiane de 18 %, ÉI: 10 %-29 %).

Entre 2015 et 2018, les données collectées à partir de 20 enquêtes nationales menées en Afrique subsaharienne montrent que 47 % (ÉI: 29 %-69 %) des enfants fiévreux ayant sollicité des soins dans le secteur public ont reçu un traitement antipaludique, contre 59 % (ÉI: 53 %-84 %) auprès d’un agent de santé communautaire et 49 % (ÉI: 19 %-55 %) dans un établissement privé formel.

D’après 19 enquêtes, la probabilité que les traitements antipaludiques donnés aux enfants fiévreux soient des ACT est légèrement plus élevée si le traitement est sollicité dans le secteur public (médiane de 80 %, ÉI: 45 %-94 %) que s’il l’est dans le secteur privé formel (médiane de 77 %, ÉI: 43 %-87 %) ou le secteur privé informel (médiane de 60 %, ÉI: 40 %-84 %).

Pour combler les écarts de traitement parmi les enfants, l’OMS recommande la prise en charge intégrée des cas dans la communauté (PEC-C). Cette approche favorise la gestion intégrée des causes de mortalité infantile, à savoir paludisme, pneumonie et diarrhée, au niveau des établissements de santé et de la communauté. En 2018, 30 pays avaient des politiques de PEC-C en place à différents niveaux, mais la mise en œuvre n’était effective au niveau national que dans quelques-uns.

 

Paludisme en Afrique : les autorités s'engagent - Linfodrome

 

Systèmes de surveillance du paludisme

Faire de la surveillance du paludisme une intervention de base est le pilier 3 du GTS. Pour savoir si les systèmes de surveillance du paludisme en place sont adaptés, l’OMS recommande un suivi et une évaluation à intervalles réguliers de ces systèmes.

En collaboration avec l’Université d’Oslo, le Programme mondial de lutte antipaludique a développé des modules sur le paludisme uniformisés et intégrés à District Health Information Software2 (DHIS2). Ils permettent une collecte basée sur les cas et agrégée des données de routine, ainsi que la mise à disposition d’éléments associés, de tableaux de bord des principaux indicateurs épidémiologiques, d’indicateurs de qualité des données, de rapports et d’un programme d’analyse des données au niveau des établissements en vue de faciliter l’analyse et l’interprétation des données.

En date du mois d’octobre 2019, 23 pays avaient installé le module agrégé de l’OMS sur le paludisme, et six autres installations étaient planifiées pour 2020. Cinq pays ont déjà développé leur propre module sur le paludisme et l’ont intégré à DHIS2.

L’OMS travaille conjointement avec les départements chargés des systèmes de gestion de l’information sanitaire de différents ministères de la Santé, en particulier dans les pays de l’approche HBHI, pour établir des bases de données dynamiques structurées, appelées référentiels de données. Le Programme mondial de lutte antipaludique a ainsi développé une structure de référentiel facile à adapter dans DHIS2, ainsi que des directives sur des éléments de données et des indicateurs pertinents, leurs définitions et les calculs en vue de couvrir les domaines thématiques essentiels. À ce jour, le travail de développement de ces bases de données a commencé en Gambie, au Ghana, au Mozambique, au Nigéria, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie.

L’OMS encourage également les pays à mettre en œuvre des évaluations de leur système de surveillance. L’étude de cas du Mozambique est un parfait exemple de ce genre d’évaluation et de son rôle pour améliorer les systèmes de surveillance.

 

Burundi : le pays confronté à une flambée record de paludisme ...

 

Réponses aux menaces biologiques en matière de lutte contre le paludisme

Suppression du gène pfhrp2/3

La suppression des gènes pfhrp2 et pfhrp3 (pfhrp2/3) du parasite rendent ces derniers indétectables par les TDR basés sur la protéine riche en histidine 2 (HRP2). La prévalence des deux gènes pfhrp2 et pfhrp3 chez les patients symptomatiques a atteint jusqu’à 80 % en Érythrée et au Pérou.

L’OMS a recommandé aux pays rapportant des suppressions des gènes pfhrp2/3 ou à leurs pays voisins de mener des études de référence représentatives sur les cas suspectés de paludisme, afin de déterminer si la prévalence des suppressionspfhrp2/3 causant des résultats de TDR négatifs avait atteint un seuil qui nécessite un changement de TDR (suppressions du gène pfhrp2 > 5 % causant des faux résultats de TDR négatifs).

L’OMS effectue un suivi des rapports publiés sur les suppressions des gènes pfhrp2/3 par le biais de l’outil de cartographie Carte des menaces du paludisme. À ce jour, 28 pays ont rapporté des suppressions du gène pfhrp2.

 

Paludisme : découverte d'une résistance des moustiques| Journal du ...

 

Résistance aux antipaludiques

Des mutations du gène PfKelch13 ont été identifiées en tant que marqueurs moléculaires de résistance partielle à l’artémisinine. Ces mutations PfKelch13 associées à la résistance à l’artémisinine sont répandues dans la sous-région du Grand Mékong et ont également été détectées avec une forte prévalence (plus de 5 %) au Guyana, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Rwanda. Dans le cas du Rwanda, la présence de mutations PfKelch13 n’affecte pas l’efficacité des traitements de première intention.

Dans la région Pacifique occidental de l’OMS, diverses études menées entre 2001 et 2018 ont confirmé une résistance à l’artémisinine au Cambodge, en République démocratique populaire lao et au Viet Nam. L’efficacité du traitement contre les infections à P. vivax reste élevée dans tous les pays où le taux d’échec au traitement est inférieur à 10 %.

Dans la région Afrique de l’OMS, les taux d’efficacité des traitements à base d’artéméther-luméfantrine (AL), d’artésunate-amodiaquine (AS-AQ) et de dihydroartémisinine- pipéraquine (DHA-PPQ) contre les infections à P. falciparum ont été supérieurs à 98 %, et l’efficacité n’a jamais faibli au fil du temps.

L’efficacité des traitements de première intention reste élevée contre les infections à P. falciparum et à P. vivax dans la région Amériques de l’OMS.

Dans la région Asie du Sud-Est de l’OMS, la présence de marqueurs moléculaires de résistance à l’artémisinine a été rapportée au Bangladesh, en Inde, au Myanmar et en Thaïlande. À l’exception du Myanmar, les taux d’échec des ACT de première intention contre les infections à P. falciparum se sont avérés supérieurs à 10 % et ont même atteint 93 % en Thaïlande. Concernant les infections à P. vivax, la plupart des pays continuent d’enregistrer une grande efficacité de la chloroquine (CQ), sauf au Myanmar et au Timor-Leste.

Dans la région Méditerranée orientale de l’OMS, les taux d’échec importants des traitements à base d’AS-SP contre les infections à P. falciparum en Somalie et au Soudan ont induit un changement dans la politique du traitement de première intention en faveur de l’AL. Concernant les infections à P. vivax, l’efficacité des traitements à base d’AL et de CQ est élevée dans tous les pays où une étude sur leur efficacité thérapeutique a été menée.

 

Paludisme | Agence régionale de santé Guyane

 

Résistance aux insecticides

De 2010 à 2018, quelque 81 pays ont transmis à l’OMS des données de surveillance sur la résistance aux insecticides.

Sur les 81 pays d’endémie palustre ayant fourni des données pour la période 2010-2018, la résistance à au moins une des quatre classes d’insecticides chez l’un des vecteurs du paludisme sur un site de collecte a été détectée dans 73 pays. Il s’agit là d’une augmentation de cinq pays par rapport à la période précédente de 2010-2017. Dans 26 pays, la résistance a été rapportée à toutes les principales classes d’insecticides.

La résistance aux pyréthoïdes, la seule classe d’insecticides actuellement utilisés dans les MII, est répandue. Elle a été détectée chez au moins un des vecteurs du paludisme sur plus des deux tiers des sites testés et s’est avérée la plus élevée dans les régions Afrique et Méditerranée orientale de l’OMS.

La résistance aux organochlorés a été détectée chez au moins un des vecteurs du paludisme sur près des deux tiers des sites. La résistance aux carbamates et aux organophosphorés a été moins prévalente, mais a été détectée, respectivement, sur 31 % et 26 % des sites testés. La résistance la plus prévalente aux carbamates a été détectée dans la région Asie du Sud-Est de l’OMS, et aux organophosphorés dans les régions Asie du Sud-Est et Pacifique occidental de l’OMS.

Toutes les données standard sur la résistance aux insecticides rapportées à l’OMS sont intégrées à la base de données mondiales de l’OMS sur la résistance aux insecticides, et leur accès à des fins d’exploration est possible via la Carte des menaces du paludisme. Cet outil en ligne a été enrichi en 2019 pour couvrir les espèces de moustiques envahissantes et présente à l’heure actuelle la dimension géographique des rapports sur la détection des espèces Anopheles stephensi.

Pour orienter la gestion de la résistance, les pays doivent développer et mettre en œuvre des plans nationaux de suivi et de gestion de la résistance aux insecticides, en se basant sur le Cadre conceptuel d’un plan national de suivi et de gestion de la résistance aux insecticides chez les vecteurs du paludisme élaboré par l’OMS. En 2018, 45 pays ont indiqué avoir établi un plan de suivi et de gestion de la résistance, et 36 en étaient encore à la phase de développement.

Les PNLP et leurs partenaires devraient envisager de déployer des moustiquaires imprégnées de butoxyde de pipéronyle (PBO) dans les zones géographiques où les principaux vecteurs du paludisme répondent aux critères recommandés par l’OMS en 2017, plutôt qu’en partant du principe que tout le pays doit répondre à ces critères.

 

Source : www.who.int/malaria/ 2019/

 

https://www.who.int/malaria/media/world-malaria-report-2019/fr/

 

Paludisme. Le Traitement Et La Prévention Des Maladies. Seringue ...

 

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Infographies] «Cartes repères» sur le paludisme

 

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